Et les libraires dans tout ça?

Allez, on est reparti pour un tour! En ce moment, je suis un peu plongée dans les problématiques numériques (oui, je sais, je n'arrête pas), et c'est dingue le nombre d'articles vraiment intéressants qu'on trouve. Articles de prospection souvent, aux prévisions plus ou moins alarmistes la plupart du temps, mais les plus intéressants sont, à mon goût, ceux qui, plus optimistes, parient sur un avenir possible et s'accompagnent de propositions concrètes visant à s'approprier cet avenir hypothétique pour le transformer en lendemains qui chantent.

Du côté des éditeurs pas grand chose de neuf (du moins dans ce que j'ai pu apprendre), mais les articles du jour s'intéressent à ceux qui sont au bout de la chaîne: les libraires. Petits ou gros, le problème de leur devenir se pose crûment avec les livres numériques qui débarquent: pourquoi en effet aurait-on encore besoin de cet intermédiaire alors qu'on peut trouver n'importe quel livre directement téléchargeable sur internet? (Je sais, pour le moment, je ne crois pas qu'on trouve grand chose, mais le but est bien là) En plus, plus on supprime d'intermédiaires, moins le livre devrait être cher, non? Et puis à ce compte-là, puisque la plupart des auteurs sont capables de se servir d'un traitement de texte, allons-y gaiement, à quoi sert encore l'éditeur, hein? Et pourquoi le livre (si on peut encore appeler ça un livre...) ne serait-il pas livré directement du producteur (l'auteur) au consommateur (son lecteur)? Bon je m'arrête là, je dérive. J'ose juste espérer que les gens ne sont pas assez cons pour croire que c'est viable et qu'internet dispense vraiment de tout intermédiaire: un libraire n'est pas qu'un manutentionnaire, n'en déplaise à certains, et même si ce ne sera pas facile, il faudra bien qu'il se trouve une place dans l'ère du numérique.

Alors comment? C'est à cette épineuse question que tente de répondre le blog du distributeur en ligne ePagine. Sa conviction est que les libraires ont encore un grand rôle à jouer dans la distribution du livre, même numérique.
"Tant que les éditeurs n’éditaient que sur papier on pouvait croire, à raison, que le métier de libraire était de vendre des livres, des beaux livres, des livres brochés, des livres reliés, des livres de poche… Mais à y réfléchir nous savions bien que nous vendions déjà bien autre chose : des services, des choix, des repères, du désir, du désir de savoir, du désir de lecture, du temps, du temps passé dans un lieu, du temps passé en librairie, au milieu de milliers de livres agencés sur des tables, rangés dans des étagères, emballés pour offrir, ouverts pour pouvoir les feuilleter. La librairie ce sont des vitrines de livres sur la rue, des vitrines de livres éclairées le soir, des lieux ouverts en centre ville, des lieux de promenades, des lieux de rencontres, des lieux publics facilement accessibles où toute personne peut entrer sans qu’on ne lui demande rien. La preuve est faite depuis longtemps qu’aller en librairie, pousser la porte d’une librairie, ou entrer sans même la pousser parce que la porte est ouverte est un acte répété chaque jour des milliers de fois par des milliers de personnes."
Après ce bel hommage à la librairie, il faut bien sûr se rendre à l'évidence: une bonne partie des ventes se font/feront désormais par internet. Mais là aussi, le libraire peut et doit être présent pour aiguiller/conseiller le lecteur et accessoirement lui offrir un service de qualité. Voici comment ne pas se laisser évincer du marché en deux étapes: 1/ créer dès maintenant un rayon de livres numériques dans sa librairie physique avec une borne de téléchargement et en parallèle imposer son nom sur internet en créant/développant un site à son nom; 2/ à terme, inter-classer les livres numériques et les livres physiques, mêlant les différents supports pour mieux se concentrer sur le contenu. Évidemment, ePagine est un distributeur, il en profite donc pour proposer ses services (rémunérés bien sûr), mais ses explications restent tout de même intéressantes d'un point de vue théorique. Et ils ont le grand mérite d'appeler à l'action.

Quand on parle de libraires qui se bougent, en voici un bon exemple: la librairie Dialogues, librairie physique à Brest et librairie en ligne, à laquelle est associée un blog. Blog qui la semaine dernière, affirmait haut et fort son refus des DRM. Ou comment et pourquoi ses saloperies ne font chier que les utilisateurs lambda et en aucun cas les pirates éventuels, et donc pourquoi elles risquent de faire bien plus de mal au marché du livre numérique que le téléchargement illégal. Tout à fait pertinent.