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A la Croisée des Chemins
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12 mars 2009

Monumental

La convalescence a ça de bien, elle permet de lire, ou plutôt de se plonger corps et âme dans un univers fictif. Et dans ces cas-là, moi, je relis. Pressentant que j'aurai du temps devant moi, je me suis attaquée à un monument: Le Seigneur des Anneaux.

howe_moria

L'entrée de la Moria, John Howe.


Je crois que "monument" est vraiment le qualificatif approprié. C'est indubitablement un monument de la littérature du XXe siècle, c'est une somme monumentale quand on considère la masse de papier, mais aussi la masse que représente le monde créé (ainsi que la richesse des sources, je vous épargnerez les multiples adaptations de la mythologie nordique) et l'adaptation cinématographique de Peter Jackson, quoi qu'on en pense, est elle aussi monumentale.
C'est d'ailleurs par rapport à cette adaptation que je réfléchis en ce moment. Non, je ne fais partie de ces gens qui ont découvert le Seigneur des Anneaux par le film: eh oui, je l'avais lu avant, un peu par hasard d'ailleurs je crois, et même juste avant (l'année précédant la sortie du premier opus cinématographique pour être exacte). Mais j'avoue ne pas l'avoir relu depuis, alors que j'ai vu et revu la trilogie un certain nombre de fois. Alors la relecture est pour moi une source d'étonnement incessant.
Evidemment, je me souvenais fort bien que certains passages avaient été coupés dans l'adaptation cinéma (c'est inévitable, cette adaptation est déjà monumentale, près de 12h en version longue, on ne peut pas tout garder): je gardais notamment en mémoire la traversée de la Vieille Forêt et la rencontre de Tom Bombadil et sa compagne Baie d'Or, ainsi que la grosse partie à la fin du "nettoyage de la Comté", mais d'autres m'avaient totalement échappés (toujours pour le début, le passage sur les Hauts de Galgal).
Mais surtout ce qui ne cesse de m'intriguer, c'est la notion de temps. Est-ce une simple impression? Je pense qu'un nouveau visionnage attentif des trois versions longues (si si, c'est possible en une journée, je l'ai fait!) apportera quelques précisions, mais à la relecture, je trouve une critique à faire au film: le déroulement du temps. Peut-être ai-je un peu oublié, mais j'ai la nette impression que malgré ses 11 à 12h (je préfère parler des versions longues qui représentent pour moi la véritable adaptation telle qu'elle a été conçue, les versions courtes n'étant à mon sens que des arrangements destinés à mieux correspondre aux exigences commerciales d'une salle de cinéma), la trilogie cinématographique du Seigneur des Anneaux ne parvient qu'imparfaitement à rendre palpable le déroulement temporelle de la quête. Tout d'abord, je suis à peu près certaine (mais si je me trompe, corrigez-moi) qu'il ne s'écoule dans le film que peu de temps entre le départ de Bilbo et la révélation de Gandalf à Frodo sur la nature du vieil anneau de Bilbo, alors que j'ai découvert avec stupeur (je me suis même arrêtée pour calculer!) que dans le livre, il s'écoule près de 17 ans entre ces deux moments, puisque Bilbo disparaît le jour de la majorité de Frodo (33 ans) et que Frodo prend la route quelques mois après les révélations de Gandalf, la date de son départ étant fixé à son 50e anniversaire.
Mais ce n'est qu'un détail, et mon plus gros reproche porte sur le déroulement de la quête. Je trouve personnellement que l'on ne sent pas assez les longs, longs temps d'errance ou simplement de déplacement d'un point à un autre. Je m'explique: certes, les personnages errent, des plans de marche en fondus-enchaînés sur plusieurs endroits assez divers semblent faire passer le temps et nous dire "ils marchent longtemps", mais c'est surtout au début (La Communauté de l'Anneau, si je me souviens bien les suivants s'attardent moins sur ce genre de plans) et surtout, on ne se rend pas vraiment compte de ce que ça représente. Au contraire, je trouve, à la lecture, une certaine obsession à marquer la longueur des distances parcourues. Tout d'abord, c'est palpable dans l'accumulation de micro-péripéties (La Vieille Forêt, les Hauts de Galgal, l'attaque des loups avant la montée du Caradhras, etc.) qui n'ont certes pas leur place dans le film, mais qui contribuent à faire passer le temps. De même, il faut bien avouer que dans le livre (surtout dans le premier livre, mais pas seulement, le livre IV, les errances de Frodo et Sam avant d'entrer enfin en Mordor, n'est pas mal non plus dans le genre), ils passent leur temps à se perdre, et à perdre du temps. Quant aux trajets, ils apparaît en réalité qu'ils durent tous des heures et des heures voire bien souvent plusieurs jours, ce dont, je trouve, on peine à se rendre compte dans le film (il faut  une grosse nuit minimum pour aller du Gouffre de Helm à Isengard, le même temps environ pour aller du même Gouffre à Edoras, la cité de Théoden, et encore deux jours minimum en chevauchant Gripoil pour atteindre de là Minas Tirith). En bref, le livre me semble prendre systématiquement la peine d'indiquer des durées (soit en annonçant le temps de parcours, soit en indiquant le nombre de jours écoulés depuis la dernière notation), ce qui à mon sens allonge le temps, ou plutôt nous fait prendre conscience des longues durées (même si au fond, ça ne dure pas non plus si longtemps puisqu'on a que très peu de changement de saison, on se rend compte de ce que signifie en durée vécue ce temps qui passe, parce que 4 jours à marcher, c'est long, et là, finalement, ils marchent pendant presque six mois, de l'automne au printemps, même s'il y a de longues pauses au milieu, et notamment un mois au moins dans la demeure d'Elrond, mais je dirais plutôt deux ou trois).

Voilà, je pourrais encore disserter pendant des heures sur le Seigneur des Anneaux et faire par là même un article monumental à mon tour, mais je préfère y revenir une autre fois, surtout que les personnages forment un sujet lui aussi très riche. A suivre donc.

moria_lee

Une lumière dans la Moria, Alan Lee.

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