Weekend aixois

Weekend crémaillère chez des amis qui viennent de s'installer à Aix-en-Provence. Malgré la pluie battante samedi, petite ballade dans le centre d'Aix, soit autour de chez eux: on a beau venir pour faire la fête, on en profite pour visiter un peu. Enfin, vu l'heure à laquelle on a tous réussi à émerger et finir de manger, la ballade a été courte, elle s'est donc résumée à peu près au cours Mirabeau (et ses sources d'eau "chaude", même si à cette époque elle est plutôt tiède quand elle arrive dans la fontaine), à la place de l'Hôtel de ville et à la cathédrale Saint-Sauveur.

La cathédrale en elle-même est un assemblage, ce qui, à mon goût du moins, lui confère un grand charme: on y retrouve dans le baptistère les restes d'un petit temple rond du forum antique (dont les colonnes et les pierres ont largement été réutilisées un peu partout dans la cathédrale), une première cathédrale romane et des rajouts (notamment la grande nef et le portail) gothiques. A noter que les murs du chœur sont entièrement peints, comme sans doute l'était ensemble de la cathédrale à l'origine. C'est superbe sur une petite parcelle comme là, mais je n'ose imaginer l'effet que produisait une église entièrement polychrome: ça devait être atrocement lourd!

Divers éléments méritent vraiment le détour. A commencer par le baptistère, où l'on voit nettement les diverses strates de l'édifice: dans une niche, le mur laisse apparaître la couche d'en-dessous (romane?) où l'on distingue une ancienne frise avec des bleus absolument superbes. Personnellement, la seule chose que j'ai pu y reconnaître clairement, c'est une représentation de Saint Luc symbolisé par un taureau ailé et auréolé. Je l'avoue, je ne suis pas une experte de l'art religieux.

Dans la série des jolies choses vient ensuite l'orgue. Si jamais cela intéresse quelqu'un, je m'empresse de reporter les informations que j'ai glanées sur internet: "Isnard 1746 / Ducroquet 1855 / Cavaillé-Col 1880 / Dunand 1972 / Manufacture Languedocienne des grandes orgues 2003" -- je présume que tout cela correspond à tous les gens qui ont construit et réparé l'instrument. Quand aux données plus techniques, il y a 3 claviers manuels et pédalier, et je vous épargne le reste. En fait, personnellement, je l'ai vu d'en-bas d'où il m'a juste paru beau, et surtout, j'ai eu l'immense chance de l'entendre jouer puisque quand nous y étions, une organiste répétait, vraisemblablement pour le concert du 11 novembre annoncé à l'entrée (dans ce cas, ce que nous avons entendu devait sans doute être la Messe en Si de Jean-Sébastien Bach, ça demande vérification, mais dans tous les cas, c'était magnifique).

Enfin, le cloître, accessible "seulement" pour des visites accompagnées depuis sa restauration (je dis "seulement" car les visites sont assez fréquentes -- une dizaine par jour -- et gratuites; pour le commentaire en revanche, ça dépend si le guide est motivé ou non) est bel et bien, comme on le dit pompeusement, un "joyau de l'art roman". Tout y est finement sculpté: colonnettes, chapiteaux, médaillons, piliers d'angles, et même les arcs sur certaines travées. Et le plus impressionnant est qu'aucun n'est identique! C'est évidemment avec les chapiteaux que cette diversité  est la plus flagrante: on y trouve des décors végétaux avec de nombreuses feuilles d'acanthe (qui rappellent l'ordre architectural corinthien des Grecs) plus ou moins stylisées, des figurations de l'homme émergeant de la nature (où l'on voit en effet des visages émergeant entre des frondaisons) et de nombreux chapiteaux historiés racontant des scènes de l'Ancien ou du Nouveau Testament (et particulièrement l'épisode de l'ânesse de Balaam pour l'Ancien; pour le Nouveau on retrouve sans surprise la Nativité et l'Adoration des Rois mages, entre autres)
Bien entendu, l'ensemble grouille de symboles. Pour commencer le cloître se parcourt dans un sens particulier: on entre au fond, au niveau d'une porte qui donne directement sur l'extérieur et par laquelle entraient les fidèles à l'occasion de certaines processions, et on fait ensuite le tour dans le sens des aiguilles d'une montre. La première travée représente alors l'Ancien Testament, la deuxième le Nouveau Testament, la troisième les grands moments de l'histoire de l'Eglise catholique apostolique et romaine (on y voit notamment un chapiteau racontant la bataille qui décidât l'empereur Constantin à se convertir), et la dernière enfin est une figuration du jardin d'Eden (tous les chapiteaux y sont végétaux). Entre la première et la deuxième deuxième travée, le pilier d'angle est tout à fait particulier: on y trouve quatre colonnettes qui esquissent une torsade sur un quart de tour; il semblerait que cela soit à interpréter comme une invitation à passer de l'Ancien au Nouveau Testament. Evidemment, il y a quatre coins au cloître, tout comme il y a quatre Evangiles; on ne sera donc pas trop surpris de retrouver une figuration de leurs auteur à chacun des angles: l'homme de Matthieu, le lion de Marc, l'aigle de Jean et le taureau de Luc. Enfin, le pilier d'angle entre les deuxième et troisième travée est lui aussi remarquable: il supporte une superbe représentation (en excellent état!) de Saint-Pierre.

Ce qui clôt mon propos.

Pour ce qui est des photos, toutes chipéessur le net, selon mon habitude. La première est celle de Wikipédia, le baptistère est une photo de Renaud Camus, l'orgue vient d'ici (d'ailleurs sur la deuxième photo de la page, on aperçoit le fond du choeur, entièrement peint), et pour le cloître, on a un mélange de photos officielles (ici et ici) et d'un site perso sur Aix pour les photos de détails.

Comments

[Cess]

Tiens, ça me rappelle des choses.. pas que bonnes je dois l'avouer, mais quand même...