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A la Croisée des Chemins
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8 juin 2009

Ouverture de la Tour de la Louve

 A peine Clodia eut-elle poussé la porte étroite qu’elle fut assaillie par l’odeur si particulière de la maison close, un mélange de parfum capiteux, de cosmétique bon marché, de sueur et d’autre chose encore. L’elfe esquissa un sourire : elle était bien chez elle. Elle regarda attentivement autour d’elle pour s’imprégner encore une fois du décor familier plongé dans une pénombre que troublaient à peine les deux lanternes rouges sur le comptoir, dont la douce lueur relayait celle de deux luminaires identiques à l’extérieur. Derrière ce comptoir d’ailleurs, une vieille gnome obèse sommeillait. La gérante de la maison.

 Clodia monta prestement l’escalier qui menait à l’étage. Le palier débouchait sur trois couloirs ouvrant sur des chambres de différentes tailles – impossible de loger une jeune gobeline de la même manière qu’une orque d’âge mûr. L’inspection des nombreuses chambres se révéla rapide : les filles étaient toutes là, elles semblaient sereines – sans doute n’avaient-elles pas vraiment pris la mesure de ce qui les attendait, pour ne pas dire de ceux qui les étendraient – elles étaient même resplendissantes, du moins autant qu’elles pouvaient l’être, ce qui n’était pas gagné pour une dame troll expérimentée, mais il en fallait pour tous les goûts.

 Après cette rapide revue des troupes, la dame elfe se faufila jusqu’au bout du couloir central où se dressait une lourde porte cloutée. De l’autre côté, se trouvait la salle dont elle était le plus fière : le donjon. C’était une grande salle qui s’enfonçait sur trois étages : chevalets, fouets, martinets, mais aussi chaînes, tenailles, tisons, l’endroit devait pouvoir servir de salle de torture en cas de besoin. Et besoin il y avait souvent dans ce monde en guerre. Et puis – Clodia connaissait bien les habitués des bordels – il y avait toujours une clientèle fidèle quand on n’était pas trop regardant sur certaines pratiques.

 Au fur et à mesure que son regard se posait sur le mobilier de la pièce, un large sourire s’épanouissait sur ses lèvres. Elle imaginait déjà des scènes d’orgie dans cette tour, se voyait en leur milieu comme lorsqu’elle était jeune. Perdue dans sa rêverie, elle entendait déjà les murmures essoufflés, les râles de plaisir, les cris extatiques, elle sentait la tiède respiration d’un amant dans son cou et ses caresses passionnées sur sa peau. Les yeux mi-clos, son fantasme prenait presque vie.

***

 L’enchanteresse se secoua. Tout était en place, il ne manquait plus que les clients. Mais dès demain, elle l’espérait, ce problème serait réglé. Elle se glissa jusqu’au rez-de-chaussée et sortit doucement. Une fois dehors, elle accrocha l’enseigne au-dessus de la porte : La Tour de la Louve. Elle éteignit alors les deux lampions de l’entrée. Quand elle les rallumerait le lendemain soir, la maison close serait officiellement ouverte.

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